ATHLÈTE INSPIRANT ALL TIDES DU MOIS DE JUIN 2023

Antoine St-Germain, se reconstruire grâce à son sport

En avril dernier, Antoine St-Germain et sa famille ont été frappés d’une malchance de la vie des plus terribles : leur résidence a été détruite dans un incendie.

Sans la vigilance du jeune homme, les conséquences auraient pu être bien pires. C’est lui qui a averti ses proches que quelque chose n’allait pas et tous ont pu sortir sains et saufs quelques minutes avant que la maison ne soit détruite par le brasier. Un acte encore plus remarquable de la part d’Antoine lorsque l’on sait qu’il est malvoyant.

C’est pour cette raison, ainsi que ses performances sportives que nous décrirons plus loin, qu’Antoine St-Germain est nommé l’athlète inspirant All Tides du mois de juin.

La famille sportive vient en aide

Antoine St-Germain est un paranageur malvoyant en catégorie S12, membre du club Les Loutres de Granby. C’est avec beaucoup d’aplomb qu’il raconte l’incident du printemps dernier.

« J’étais en haut et les autres (ses parents, son frère et la copine de son frère) étaient en bas. J’ai entendu un bruit qui ressemblait à de la grêle, mais je trouvais ça bizarre qu’il en tombe à ce moment-là. Une des fenêtres était vraiment plus sombre et l’autre, plus claire. Et après, je suis allé voir en arrière et il y avait quelque chose de pas normal, alors je suis allé chercher mes parents. C’est là qu’on s’est rendu compte que ça brûlait sur la galerie en arrière. En 20 minutes, la maison était une perte totale », explique le jeune homme de 19 ans.

« Je me doutais bien que j’avais un pas pire sang-froid, mais maintenant, je sais que je n’ai aucun problème à réagir », ajoute celui qui a visiblement conservé son sens de l’humour.

Ce qu’il a pu aussi conserver malgré tout, ce sont ses médailles. Ses vêtements de l’équipe du Québec des Jeux du Canada 2022 et ceux de l’Invitation Ken Demchuk, deux compétitions auxquelles il a pris part, ont été détruits dans l’incendie.

Antoine s’est informé auprès de son entraîneure Nadine Rolland pour savoir si ces vêtements pouvaient être remplacés. Touchée par l’histoire du jeune homme, la grande famille de la natation québécoise n’a pas attendu longtemps avant de mettre le dossier en marche. Au grand bonheur d’Antoine, il a récupéré de nouveaux vêtements.

On sent à quel point il a été touché par ce geste lorsqu’il en parle.

« C’est assez formidable ! Les gens de la Fédération de natation du Québec, je les adore énormément ! C’est vraiment sympathique ce qu’ils ont fait. Je suis vraiment content, car en plus, je les portais dans la vie de tous les jours. Ce sont des vêtements que j’étais fier de porter et je le suis encore, car c’est une preuve de tout le parcours que j’ai réussi à accomplir en natation. (Les porter), ça crée un sentiment d’appartenance à quelque chose qui est plus gros que toi et qui est l’équipe du Québec. »

Sa présence aux Jeux du Canada de Niagara de l’été dernier a été marquante pour lui, même s’il est revenu de Niagara sans médaille. Son meilleur résultat a été une cinquième place au 200 mètres quatre nages.

« J’ai une bonne progression depuis le début et avec mes efforts, j’arrive à un autre niveau. L’été passé, j’ai réussi à aller aux Jeux du Canada et c’est là que j’ai vu que mon potentiel était encore plus grand. J’essaie toujours d’appliquer ce que mes coachs me disent et ça fonctionne très, très bien. Plus ça va, plus la progression et la méthode de travail sont bonnes », poursuit Antoine qui mentionne être inspiré par le paranageur et médaillé paralympique Nicolas-Guy Turbide (S13).

Retrouver une normalité

La maison de la famille St-Germain est une perte totale, mais elle compte en reconstruire une nouvelle au même endroit, à Granby. D’ici là, la famille est hébergée chez les grands-parents du paranageur.

« L’important, c’est de réussir à garder le noyau familial. […] Tranquillement pas vite, ça commence à se replacer, mais disons que lors des premières séances de magasinage, on se sentait un peu comme des sans-abris. »

Retrouver une normalité pour lui passait obligatoirement par la natation.

« Un des premiers trucs auquel j’ai pensé (après l’incendie), c’est combien de temps ça va me prendre avant que je retourne m’entraîner? Mes parents m’ont dit qu’ils trouveraient une façon pour que j’aille nager le lendemain. L’idéal, c’est de repartir tout de suite ce que tu fais, car si tu restes à ne rien faire, tu tournes en rond. »

Antoine est aussi étudiant au Cégep de Granby en Techniques de l’informatique. Sa vision se limite à 10% de son œil droit et elle est presque nulle du gauche en raison des nerfs optiques atrophiés. Cela fait en sorte que certaines tâches sont un peu plus longues à faire que ses collègues de classe, mais qu’importe, l’étudiant-athlète est patient et il ne dévie jamais de ses objectifs, ce qui lui a notamment permis d’inscrire dix records canadiens chez les S12, notamment grâce à plusieurs bonnes performances au dos.

Il a maintenant en tête le Championnat québécois de la fin juin qui, il l’espère, lui servira de rampe de lancement pour les Championnats canadiens qui auront lieu à Toronto au début août. À moyen terme, il aimerait se joindre au groupe d’athlètes d’un centre national d’entrainement.

Celle qui supervisait son entrainement chez Les Loutres a récemment été promue à titre d’entraîneure-adjointe au Centre de haute performance – Québec de Natation Canada aux piscines montréalaises de l’Institut national du sport du Québec.

Est-ce un signe pour Antoine, dont les objectifs sportifs et scolaires pourraient s’accomplir dans la même ville, étant donné qu’il aimerait étudier à la Polytechnique Montréal en cybersécurité après l’obtention de son diplôme d’études collégiales ?

« Ça fitterait très, très bien ! »

Rédaction : Sportcom pour la Fédération de natation du Québec

PERSONNALITÉ INSPIRANTE ALL TIDES DU MOIS DE JUIN 2023

Charles Labrie, pilier solide et engagé à Trois-Rivières

L’entraineur-chef Charles Labrie en a vu de toutes les couleurs depuis qu’il est à la barre du club de natation Mégophias, à Trois-Rivières. Les péripéties vécues en auraient découragé plusieurs, mais aujourd’hui, le travail acharné rapporte des dividendes bien mérités.

Par son dévouement et son leadership, Charles Labrie a permis au club de maintenir le cap en période où les défis étaient nombreux. Un parcours qui lui vaut la nomination de personnalité inspirante All Tides du mois de juin !

Des travaux aux lourdes conséquences

Le club de natation Mégophias a dû composer avec la fermeture de sa piscine en 2018. Les rénovations, qui devaient nécessiter trois mois de travaux, ont finalement pris trois ans à se réaliser.

« Ç’a été assez complexe de maintenir les activités du club pendant ce temps. On s’est ramassés à devoir rouler le club dans une piscine comportant seulement quatre couloirs de 25 mètres. Nos activités en ont été grandement affectées », raconte Charles Labrie, en poste à Trois-Rivières depuis neuf ans.

Le volume d’entrainement a forcément diminué, tout comme le nombre d’abonnements et le personnel. Le plus difficile, selon Labrie, a été de réduire de moitié les places offertes aux plus jeunes à leur école de natation, passant de 250 à 125 athlètes. D’autant plus que la plage-horaire offerte aux 12 ans et moins se trouvait les samedis et les dimanches, de 6h à 7h, ce qui a eu pour effet d’en décourager plusieurs.

Les contrecoups se font sentir aujourd’hui, en début du secondaire, où les nageuses et les nageurs sont moins nombreuses et nombreux qu’à l’habitude.

Constat similaire au sein des Patriotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Certains membres de l’équipe n’ont tout simplement pas eu accès à des installations dignes de ce nom durant l’entièreté de leur parcours universitaire. La situation a aussi limité le recrutement, faute d’arguments convaincants pour attirer de nouvelles recrues.

Ajoutons à cela la pandémie et les innombrables conséquences qui y sont reliées.

« Je ne le cache pas, il y a eu des moments difficiles. Certains entraineur(e)s ont quitté, la pandémie a été très dure aussi parce qu’on a été forcés d’arrêter nos activités un certain temps », rappelle Charles Labrie.

« Mon rôle a été de miser sur la vision à long terme du club. On savait qu’on allait être de retour à l’UQTR un jour, il fallait soutenir les athlètes et les entraineur(e)s pendant la fermeture pour qu’ils gardent le moral et qu’ils restent motivé(e)s. »

Retour en force

Les choses se replacent à Trois-Rivières. Même si les circonstances ont rendu la tâche particulièrement ardue, bon nombre d’athlètes du club Mégophias ont connu du succès en compétition. C’est notamment le cas de Philippe Vachon, paranageur de 27 ans qui a participé aux Championnats du monde l’été dernier.

« Il est arrivé en 2017, alors il a traversé tout ça. Les autres athlètes ont maintenu le cap en voyant que Philippe faisait bien lors des compétitions. On a quand même eu de bonnes performances sur les scènes provinciale et nationale, une chance ! Ça aurait été difficile de les motiver à continuer à s’entrainer. »

Le club est présentement en plein essor en Mauricie. Une entente a été signée avec l’UQTR pour qu’il soit responsable de tous les cours offerts aux 12 ans et moins à la piscine de l’université.

Ça représente plus de 850 participantes et participants par session.

« Ça apporte beaucoup de jeunes dans nos groupes d’initiation, qui affichent complet d’ailleurs. Cet accord nous a aidés à remettre le club sur les rails. On a engagé 35 nouveaux entraineur(e)s pour ces cours. On s’attendait à ce que ça grossisse, mais pas aussi vite. C’est vraiment le fun de voir que le travail porte ses fruits. »

Charles Labrie aime relever des défis. Cependant, il admet qu’il se serait bien passé de cette fermeture et de la pandémie, même si toute son équipe en est ressortie grandie. Membre de différents comités de la Fédération de natation du Québec (FNQ) et formateur du Programme national de certification des entraîneurs (PNCE), il espère voir la natation gagner en popularité et souhaite contribuer à ce mouvement.

« Je suis reconnu pour être une personne assez calme, ça m’a aidé à garder les deux pieds sur terre et ne pas m’emballer, partage-t-il. J’aime m’impliquer, ça me permet de redonner à la communauté. Le développement du club ne se fait pas juste à Trois-Rivières, mais aussi par celui du Québec. Plus c’est fort dans la province, plus le club le sera aussi. J’aime faire avancer les choses et le meilleur reste à venir. »

Rédaction : Sportcom pour la Fédération de natation du Québec