Antoine St-Germain, se reconstruire grâce à son sport

En avril dernier, Antoine St-Germain et sa famille ont été frappés d’une malchance de la vie des plus terribles : leur résidence a été détruite dans un incendie.

Sans la vigilance du jeune homme, les conséquences auraient pu être bien pires. C’est lui qui a averti ses proches que quelque chose n’allait pas et tous ont pu sortir sains et saufs quelques minutes avant que la maison ne soit détruite par le brasier. Un acte encore plus remarquable de la part d’Antoine lorsque l’on sait qu’il est malvoyant.

C’est pour cette raison, ainsi que ses performances sportives que nous décrirons plus loin, qu’Antoine St-Germain est nommé l’athlète inspirant All Tides du mois de juin.

La famille sportive vient en aide

Antoine St-Germain est un paranageur malvoyant en catégorie S12, membre du club Les Loutres de Granby. C’est avec beaucoup d’aplomb qu’il raconte l’incident du printemps dernier.

« J’étais en haut et les autres (ses parents, son frère et la copine de son frère) étaient en bas. J’ai entendu un bruit qui ressemblait à de la grêle, mais je trouvais ça bizarre qu’il en tombe à ce moment-là. Une des fenêtres était vraiment plus sombre et l’autre, plus claire. Et après, je suis allé voir en arrière et il y avait quelque chose de pas normal, alors je suis allé chercher mes parents. C’est là qu’on s’est rendu compte que ça brûlait sur la galerie en arrière. En 20 minutes, la maison était une perte totale », explique le jeune homme de 19 ans.

« Je me doutais bien que j’avais un pas pire sang-froid, mais maintenant, je sais que je n’ai aucun problème à réagir », ajoute celui qui a visiblement conservé son sens de l’humour.

Ce qu’il a pu aussi conserver malgré tout, ce sont ses médailles. Ses vêtements de l’équipe du Québec des Jeux du Canada 2022 et ceux de l’Invitation Ken Demchuk, deux compétitions auxquelles il a pris part, ont été détruits dans l’incendie.

Antoine s’est informé auprès de son entraîneure Nadine Rolland pour savoir si ces vêtements pouvaient être remplacés. Touchée par l’histoire du jeune homme, la grande famille de la natation québécoise n’a pas attendu longtemps avant de mettre le dossier en marche. Au grand bonheur d’Antoine, il a récupéré de nouveaux vêtements.

On sent à quel point il a été touché par ce geste lorsqu’il en parle.

« C’est assez formidable ! Les gens de la Fédération de natation du Québec, je les adore énormément ! C’est vraiment sympathique ce qu’ils ont fait. Je suis vraiment content, car en plus, je les portais dans la vie de tous les jours. Ce sont des vêtements que j’étais fier de porter et je le suis encore, car c’est une preuve de tout le parcours que j’ai réussi à accomplir en natation. (Les porter), ça crée un sentiment d’appartenance à quelque chose qui est plus gros que toi et qui est l’équipe du Québec. »

Sa présence aux Jeux du Canada de Niagara de l’été dernier a été marquante pour lui, même s’il est revenu de Niagara sans médaille. Son meilleur résultat a été une cinquième place au 200 mètres quatre nages.

« J’ai une bonne progression depuis le début et avec mes efforts, j’arrive à un autre niveau. L’été passé, j’ai réussi à aller aux Jeux du Canada et c’est là que j’ai vu que mon potentiel était encore plus grand. J’essaie toujours d’appliquer ce que mes coachs me disent et ça fonctionne très, très bien. Plus ça va, plus la progression et la méthode de travail sont bonnes », poursuit Antoine qui mentionne être inspiré par le paranageur et médaillé paralympique Nicolas-Guy Turbide (S13).

Retrouver une normalité

La maison de la famille St-Germain est une perte totale, mais elle compte en reconstruire une nouvelle au même endroit, à Granby. D’ici là, la famille est hébergée chez les grands-parents du paranageur.

« L’important, c’est de réussir à garder le noyau familial. […] Tranquillement pas vite, ça commence à se replacer, mais disons que lors des premières séances de magasinage, on se sentait un peu comme des sans-abris. »

Retrouver une normalité pour lui passait obligatoirement par la natation.

« Un des premiers trucs auquel j’ai pensé (après l’incendie), c’est combien de temps ça va me prendre avant que je retourne m’entraîner? Mes parents m’ont dit qu’ils trouveraient une façon pour que j’aille nager le lendemain. L’idéal, c’est de repartir tout de suite ce que tu fais, car si tu restes à ne rien faire, tu tournes en rond. »

Antoine est aussi étudiant au Cégep de Granby en Techniques de l’informatique. Sa vision se limite à 10% de son œil droit et elle est presque nulle du gauche en raison des nerfs optiques atrophiés. Cela fait en sorte que certaines tâches sont un peu plus longues à faire que ses collègues de classe, mais qu’importe, l’étudiant-athlète est patient et il ne dévie jamais de ses objectifs, ce qui lui a notamment permis d’inscrire dix records canadiens chez les S12, notamment grâce à plusieurs bonnes performances au dos.

Il a maintenant en tête le Championnat québécois de la fin juin qui, il l’espère, lui servira de rampe de lancement pour les Championnats canadiens qui auront lieu à Toronto au début août. À moyen terme, il aimerait se joindre au groupe d’athlètes d’un centre national d’entrainement.

Celle qui supervisait son entrainement chez Les Loutres a récemment été promue à titre d’entraîneure-adjointe au Centre de haute performance – Québec de Natation Canada aux piscines montréalaises de l’Institut national du sport du Québec.

Est-ce un signe pour Antoine, dont les objectifs sportifs et scolaires pourraient s’accomplir dans la même ville, étant donné qu’il aimerait étudier à la Polytechnique Montréal en cybersécurité après l’obtention de son diplôme d’études collégiales ?

« Ça fitterait très, très bien ! »

Rédaction : Sportcom pour la Fédération de natation du Québec

NOS PARTENAIRES