Du 26 au 28 mars dernier, plusieurs jeunes nageuses et nageurs du Québec ont pris part au Camp provincial de stratégie de distance Québec-Ontario, à Toronto. À l’issue de cette expérience, nous avons échangé avec Samuel Matte, entraineur-chef à UL et entraineur de distance et d’eau libre pour la FNQ en 2024-2025, afin de revenir sur les principaux apprentissages du camp. Voici quelques idées fortes à retenir pour la communauté d’entraineures et entraineurs du Québec.
L’endurance de base : un travail de constance… et d’état d’esprit
Selon Samuel, le développement de l’endurance de base ne repose pas uniquement sur des considérations physiologiques, mais aussi – et surtout – sur la constance du travail et la capacité mentale à s’engager dans la répétition. « Si je fais ma pratique aujourd’hui, mais que je n’ai pas l’énergie de la faire demain, ça ne fonctionne pas. C’est un travail qui se bâtit jour après jour, mois après mois, année après année. »
Le développement de cette constance s’enseigne autant par le comportement de l’entraineure ou de l’entraineur que par le discours quotidien qui l’accompagne. Il faut valoriser l’endurance de base autant que les sprints ou les séries d’intensité élevée.
Pourquoi miser sur l’endurance chez les jeunes ?
Samuel est clair : ce n’est pas une question de spécialisation précoce. L’objectif n’est pas de former des nageuses et nageurs de distance spécifiquement, mais de leur donner les outils nécessaires pour devenir la meilleure ou le meilleur athlète possible. L’endurance de base, bien intégrée, soutient l’ensemble des efforts spécifiques à l’intérieur d’un programme.
C’est aussi ce travail qui permet de tolérer et de bonifier les séances d’intensité, les 30 x 100m ou les intervalles exigeants. « Si tu veux performer dans ces blocs-là, tu dois avoir l’endurance pour les absorber et récupérer efficacement. »
Le volume total ? Ce n’est pas tout…
Un autre point clé de l’approche de Samuel concerne la notion de charge d’entrainement. « Ce n’est pas le total de kilomètres qui compte, mais le millage par heure. » Par exemple, dans une séance de 1 h 30, viser 5 à 5,5 km représente une intensité de 3,5 km/h, ce qui est une bonne cible. Ce type de raisonnement permet d’adapter les contenus aux contraintes de temps tout en maintenant une densité de travail efficace.
Combien d’endurance de base par semaine ?
Selon les enseignements du camp, le ratio recommandé pour des nageuses et nageurs d’âge secondaire (14 à 17 ans) est d’environ 70 à 80 % de leur temps d’entrainement dédié à l’endurance de base. Cela ne veut pas dire 70 % des séances, mais bien du temps total cumulé. Par exemple, une semaine de 8 séances pourrait comprendre :
- 3 séances exclusivement axées sur l’endurance de base;
- 2 séances de seuil, avec une grande proportion de travail en endurance de base;
- 1 à 2 séances avec blocs d’intensité intégrés.
Ce ratio peut être modulé selon le profil des athlètes (sprinteuse ou sprinteur vs distance), mais jusqu’en secondaire 4, ce volume est fondamental.
Un investissement stratégique pour l’avenir
La répétition, l’accumulation et l’attention portée à la zone ciblée (Zone 2) ont été présentés comme étant les piliers du développement de l’endurance de base. Samuel insiste : « Zone 2, ce n’est pas du Zone 1 ». Travailler au bon niveau d’intensité et avec la bonne intention est crucial.
En misant sur cette base solide, les jeunes construisent leur coffre à outils athlétique, ce qui leur permettra plus tard d’exceller dans les moments clés, comme les fins de 400 m. ou de 800 m. libre, ou encore dans la capacité à performer plusieurs fois durant une fin de semaine de compétition.