Du 4 au 9 mars dernier, Sébastien Angers, entraineur du club de natation de Rimouski (RIKI), a vécu une immersion unique en tant qu’entraineur apprenti avec l’équipe Québec lors de la compétition TYR Pro Swim Series. Une expérience intense qui lui a permis de côtoyer des entraineures et entraineurs chevronnés et de mieux comprendre les exigences du haut niveau. Il revient avec nous sur ce qui l’a marqué, ce qu’il compte appliquer dans son club et les défis à anticiper.
Une préparation sans compromis
L’un des éléments qui a frappé Sébastien est la rigueur absolue de la préparation des athlètes. « Rendu à ce niveau, il n’y a aucune place pour le hasard », souligne-t-il. Chaque détail est planifié : du réchauffement au retour au calme, en passant par l’activation entre les courses. Loin d’être une simple formalité, le cool-down est conçu pour préparer la prochaine course, et non juste pour récupérer.
Cette approche contraste avec ce qu’il observait dans son club : « On laissait beaucoup d’autonomie aux nageuses et nageurs en compétition, mais j’ai réalisé qu’ils ont besoin de structure et d’être rassurés. » Une leçon qu’il compte bien ramener à Rimouski.
Cet aspect qui a particulièrement fait réfléchir Sébastien concerne cette relation entre l’autonomie des athlètes et la rigueur de l’encadrement. « J’ai toujours voulu développer l’autonomie de mes nageuses et nageurs, mais cette expérience m’a amené à me questionner sur la limite entre un cadre structuré et une dépendance trop forte envers l’entraineure ou l’entraineur. »
Il souligne une différence majeure entre le contexte d’un club et celui d’une équipe restreinte en compétition internationale : « À ce niveau, les coachs peuvent suivre chaque détail de la préparation des athlètes. Moi, en club, avec 20 nageuses et nageurs ou plus à gérer, je ne peux pas être constamment derrière chacun·e d’eux. »
Toutefois, cette expérience lui a montré l’importance d’être présent autant que possible dans les moments clés. « J’ai réalisé que même si je ne peux pas toujours tout encadrer, juste être là, circuler sur le bord de la piscine, ça change quelque chose. Les athlètes le ressentent. »
Confiance en la planification : un défi pour les entraineur·es
Une autre discussion qui l’a marqué concerne la constance dans la planification. « Trop souvent, on essaie quelque chose, puis on recule dès que ça ne semble pas fonctionner immédiatement », explique-t-il. L’importance de faire confiance à son programme, de l’ajuster au besoin sans tout remettre en question, est une leçon clé qu’il veut appliquer.
Cela lui a aussi fait réaliser l’importance d’une planification à plus long terme, même s’il doit adapter cette vision aux réalités de son club. « À haut niveau, certains ont des plans sur quatre ans. Pour nous, il faut au moins une vision à moyen terme. »
Appliquer des outils concrets dans son club
L’un des outils concrets qu’il veut implanter est le suivi de l’état des nageuses et nageurs à l’aide d’un tableau de bord simple : niveau de fatigue, sommeil, charge de travail scolaire, etc. « Ça permettrait d’identifier rapidement si une ou un athlète traverse une période difficile et d’adapter l’entrainement en conséquence. »
Il a également été inspiré par le Swim of the Day, une initiative qui met en lumière les efforts et progrès d’une nageuse ou d’un nageur, au-delà des podiums et records personnels. « Souvent, on félicite toujours les mêmes, mais cette reconnaissance permet d’encourager aussi celles et ceux qui surmontent des défis. »
Des ajustements et des défis à anticiper
Même si l’expérience lui a apporté de nombreuses pistes d’amélioration, Sébastien est conscient des défis. « On ne peut pas tout copier tel quel. Il faut adapter aux ressources disponibles et à la réalité des nageuses et nageurs. » Il revient avec une foule d’idées et de notes, mais sait que les changements doivent se faire progressivement. « J’ai relevé plusieurs points à tester, mais il faut y aller étape par étape pour voir ce qui fonctionne réellement. »
Un regard tourné vers l’avenir
Avec cette expérience en poche, Sébastien revient motivé et prêt à faire évoluer ses méthodes d’entrainement. Il souhaite tester ces nouvelles approches progressivement et voir comment elles impactent ses athlètes. « Ce n’est pas une révolution immédiate, mais une évolution. »
Son message aux autres entraineur·es ? « Il ne faut pas hésiter à aller voir ce qui se fait ailleurs. Parfois, de petits ajustements peuvent faire une grosse différence. »