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PERSONNALITÉ INSPIRANTE MARS 2025 : KARINE BÉRUBÉ

Karine Bérubé : Au-delà des longueurs, une vision sans limites

6 mars 2025

Pourquoi certaines personnes transforment-elles une simple passion en un héritage communautaire qui perdure ? Karine Bérubé fait partie de ces rares personnes qui ne se contentent pas de participer, mais qui révolutionnent leur environnement. À la tête du Club de natation Nataqui, cette femme d’exception a compris que la véritable valeur du sport ne réside pas uniquement dans la performance, mais dans sa capacité à construire des ponts, à créer des occasions et à transformer des vies. Son engagement découle d’une conviction profonde : chaque personne mérite de trouver sa place dans l’univers aquatique, quels que soient son parcours ou ses défis personnels.

Des débuts modestes, une vision exceptionnelle

« La natation dans le lac avec mon père » : c’est ainsi que Karine décrit ses premiers souvenirs aquatiques. Un lien familial avec l’eau qui ne s’est jamais rompu, puisque son père, aujourd’hui âgé de 75 ans, nage toujours parmi les maitres, tout comme elle. Son parcours dans l’administration sportive a débuté simplement, lorsque son fils ainé a commencé à nager : « Avec mon plus vieux qui a commencé la natation, j’ai commencé à m’impliquer un peu plus. »

Ce qui n’était au départ qu’une implication de parent s’est rapidement transformé en une vocation. « J’ai d’abord été invitée à faire partie du CA, puis on m’a proposé le rôle de présidente », explique-t-elle. Karine n’est pas seulement présidente bénévole du club Nataqui : elle est également enquêteure aux crimes majeurs et, surtout, mère de quatre enfants. « J’essaie de trouver un équilibre dans tout ça », dit-elle en riant, minimisant l’exploit quotidien que représente cette gestion du temps.

Sa motivation ? « Le fait que mes enfants nagent. Je veux qu’ils aient un bel environnement pour nager. » Cette simplicité dans l’expression de sa mission cache une profondeur d’engagement peu commune. Pour Karine, chaque heure consacrée au club est un investissement direct dans le bien-être de la communauté qu’elle chérit.

L’inclusion comme valeur fondamentale

Sous sa présidence, le club Nataqui a connu une transformation remarquable. L’un des plus grands défis était le manque d’heures de piscine, obstacle majeur au recrutement d’une entraineure-chef ou d’un entraineur-chef. Sa solution ? Regarder au-delà des frontières. « On est allé le chercher à l’international », raconte-t-elle, parlant de Mahieddine Galdem, qui occupait le poste d’entraineur jusqu’à l’année dernière.

Le véritable tour de force de Karine a été de diversifier l’offre du club : sports-études au secondaire puis sports-études au primaire, cours spécialisés pour les personnes en situation de handicap, club des maitres avec horaire flexible comptant 60-65 nageuses et nageurs (dont elle fait partie), cours pour les étudiantes et étudiants en technique policière, camps d’été… « Jamais on n’a eu autant de monde qui nage », affirme-t-elle avec une fierté légitime.

L’initiative dont Karine est peut-être la plus fière est le programme pour nageuses et nageurs en situation de handicap. « Toutes les paranageuses et tous les paranageurs peuvent participer », explique-t-elle. Cette offre s’adresse particulièrement aux personnes avec déficience intellectuelle ou autisme.

« L’objectif du cours est d’abord d’apprendre à se sauver. Mais maintenant ils peuvent faire des longueurs, ils nagent vraiment. » Avec 4-5 participantes et participants par cours et un service pratiquement individualisé, les résultats sont spectaculaires. Elle se souvient avec émotion : « Une dame était en panique sur le bord de la piscine parce qu’un enfant était dans l’eau et elle ne pensait pas qu’il pouvait nager. »

Mettre en place ce programme n’a pas été sans défis. « Trouver des aides pour les paranageuses et paranageurs, c’était difficile. Les gens avaient peur de travailler avec des personnes non-verbales. » Karine a montré l’exemple en s’impliquant directement : « Au début, j’étais là pour les guider, pour leur montrer comment travailler avec ces personnes. »

Résilience en temps de crise

Quand on lui demande sa plus grande fierté, Karine répond sans hésiter : « Avoir maintenu le club à flot pendant la pandémie. » Contrairement à d’autres organisations, Nataqui n’avait pas encore de personnel à temps plein et n’avait donc pas accès aux mêmes subventions. Malgré cet obstacle, sous sa gouverne, le club a non seulement survécu, mais s’est développé.

Face aux défis financiers, Karine a mis en place des solutions innovantes, notamment « un système de parrainage pour chaque nageuses et nageur. Elle ou il doit trouver un commanditaire pour pouvoir nager. » Cette approche permet d’assurer la pérennité du club tout en responsabilisant les jeunes.

Une vision d’avenir

Pour l’avenir, ses ambitions sont claires, bien qu’exprimées avec modestie : « Qu’on continue de se développer, et maintenir « deux ressources tout le temps », ce qui rendrait le développement des athlètes plus efficace.

À ceux qui hésitent à s’impliquer bénévolement, Karine offre ces mots d’encouragement : « Ça peut changer, si personne ne s’implique, le sport ne peut pas se développer. Ça fait une différence. Tout le monde peut donner du temps, même quelques minutes. »

Son rêve pour l’avenir de la natation au Québec ? « Rendre ça plus accessible. Pour les parents qui n’ont pas de sous, c’est difficile de participer aux activités du club. C’est trop cher. »

Le sport comme vecteur de transformation

Parmi les nombreuses vies touchées par le club Nataqui, Karine évoque avec émotion celle d’une nageuse maitre qui a subi un grave accident de cheval. « Nager a été pour elle une forme de réadaptation », illustrant parfaitement comment la natation peut devenir bien plus qu’un sport : une thérapie, un lieu de renaissance.

Pour la région de La Matapédia, Karine Bérubé est bien plus qu’une présidente de club. Elle est la preuve vivante qu’une seule personne déterminée peut transformer toute une communauté, une longueur de piscine à la fois. Comme elle l’observe avec satisfaction : « On est content de voir les gens en forme physiquement. » Une phrase simple qui résume toute la philosophie de cette femme exceptionnelle : utiliser le sport comme vecteur de bien-être collectif.

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