La passion tardive de Jean-Félix Pelletier
Après avoir pris part à la première Coupe du monde en petit bassin de sa carrière en octobre dernier, Jean-Félix Pelletier mérite le titre d’athlète All Tides du mois de novembre. Dire qu’il y a quatre ans à peine, le jeune homme commençait à nager dans les compétitions québécoises sous les couleurs du club de Saint-Hyacinthe.
Portrait de ce nageur à l’éclosion tardive.
Avant d’être sur les blocs de départ, Jean-Félix était déjà un sportif accompli. Hockey et soccer ont occupé ses hivers et ses étés et ce n’est que vers l’âge de 12 ou 13 ans qu’il a commencé à être un peu plus sérieux à la natation. Bien plus tard que ses partenaires d’entraînement actuels qui ont fait leurs débuts dans la piscine à 8 ou 9 ans, mais cela ne l’a jamais inquiété, car la natation lui procurait quelque chose de plus que les autres sports qu’il avait pratiqués.
« Une fois à l’école secondaire, je me suis inscrit dans le circuit du RSEQ et l’entraîneur du club de Saint-Hyacinthe m’a recruté. J’aimais les autres sports, mais j’ai particulièrement pris goût à la natation quand j’ai commencé à en faire pour vrai. Le dépassement de soi et travailler fort pour toujours aller un peu plus loin ont fait en sorte que j’ai accroché plus qu’avec d’autres sports. »
Celui qui avait pratiqué des sports d’équipe a retrouvé ce sentiment de faire partie d’un tout, même si la natation est un sport individuel. Selon lui, c’est surtout à l’entraînement que ce sentiment est le plus fort et ces moments sont une de ses facettes préférées.
« Quand on est dans un gros set intense, c’est là qu’on a le plus besoin de nos partenaires d’entraînement. Des fois, ça fait mal, tu veux arrêter, mais quand il y a du monde à côté de toi qui te poussent et qui t’encouragent, c’est très le fun ! »
Au revoir Saint-Hyacinthe, bonjour Montréal !
Jean-Félix Pelletier a terminé ses études secondaires à Saint-Hyacinthe l’an dernier. Il a ensuite déménagé à Montréal pour étudier en sciences naturelles, profil santé, au Cégep André-Grasset. Parallèlement, il a aussi joint les rangs du Club CAMO qui est basé tout près, au Complexe sportif Claude-Robillard.
« Je suis vraiment heureux là-dedans ! », lance celui qui vante le travail de ses partenaires d’entraînement. « Nous voulons performer sur les scènes nationale et internationale. […] C’est ce que je cherchais, mais ç’a quand même été une adaptation. Il n’y a plus de journées où tu peux te dire : “ Je vais y aller tranquille aujourd’hui ”, car tu vas te le faire dire assez vite ! » poursuit le nageur en riant.
Quitter le nid familial à ce jeune âge est une décision importante qui comporte son lot de défis. Encore plus lorsqu’elle se vit en pleine pandémie. Conséquemment, l’étudiant-athlète a pris plusieurs mois à apprivoiser ce nouveau mode de vie plus indépendant et où les exigences scolaires et sportives étaient plus élevées. Les amitiés qu’il a nouées avec plusieurs de ses coéquipiers ont adouci la transition, croit-il.
« On se pousse à l’entraînement, mais ça reste sain. Chacun notre tour, on se tire vers le haut et c’est ça qui amène la performance », analyse Pelletier, citant en exemple le titre de meilleure équipe masculine que ses coéquipiers et lui ont remporté aux Championnats canadiens juniors de l’été dernier.
À cette compétition disputée dans la métropole québécoise, le nageur était notamment monté sur la plus haute marche du podium au 3000 mètres en eau libre.
Pelletier mentionne aussi être inspiré et impressionné par ses coéquipières et Olympiennes Katerine Savard et Mary-Sophie Harvey qui ont toutes les deux pris part aux plus importantes compétitions, des Championnats du monde à la série de l’International Swimming League (ISL), en passant par les récents Jeux du Commonwealth.
À cela s’ajoute le travail de supervision de Claude St-Jean, entraîneur de longue date, qui, après avoir épaulé plusieurs athlètes de l’élite senior, est revenu œuvrer auprès des juniors comme lui. Ce retour auprès de plus jeunes athlètes avait d’ailleurs été mis en relief par l’entraîneur Pierre Lamy, interviewé dans le cadre du portrait de la Personnalité All Tides d’octobre dernier.
La bienveillance de St-Jean a été un élément clé dans l’attitude affichée par Jean-Félix lorsqu’il s’est présenté au Complexe sportif des Jeux panaméricains de Toronto dans le cadre de sa première participation à une Coupe du monde, où il a fini 13e au 400 m libre et 11e au 800 mètres libre. Le jeune homme n’était pas nécessairement satisfait de ses chronos, sauf qu’il sait pertinemment que cette expérience lui sera utile pour la suite des choses.
« Il (St-Jean) nous a amené une certaine confiance, même si c’était notre première fois. “ Fais comme si tu étais à Saint-Hyacinthe, nage comme si tu étais avec tes amis de secondaire 1 et fais juste avoir du plaisir ” qu’il nous a dit. »
Reconnaissant d’avoir a vécu ce jalon important de sa carrière avec ses parents présents dans les estrades, il veut maintenant répéter l’expérience.
« Je vais faire tous les efforts pour y arriver. […] Dans la salle d’appel (avant les courses), j’étais avec un autre Québécois, Guillaume Lord, de Boucherville, qui un autre de mes très bons amis du circuit. Les deux, nous avions le sourire fendu jusqu’aux oreilles… »
D’ici là, il continuera à se perfectionner dans les courses de 400 m, 800 m et 1500 m en style libre, tout en lorgnant aussi les épreuves en eau libre une fois l’été venu. Ne comptez toutefois pas sur lui pour qu’il délaisse la piscine.
« Nager un 400 mètres, c’est quelque chose que j’aime bien ! Un 10 kilomètres, ça commence à être long ! »