« La natation, c’est le meilleur sport qui puisse exister. » Ces mots, prononcés avec conviction par Guillaume Jacob Cayer, résonnent comme le manifeste d’un jeune homme qui a trouvé dans l’élément aquatique bien plus qu’une simple discipline sportive. À l’aube de ses 15 ans, cet athlète de Mont-Laurier classifié niveau 2 en paranatation réécrit quotidiennement sa propre histoire, transformant ses particularités physiques en atouts précieux. Son parcours, jalonné de défis surmontés avec une sagesse étonnante pour son âge, illustre parfaitement comment le sport peut transcender sa dimension compétitive pour devenir un puissant catalyseur d’épanouissement personnel.
Une passion née dans l’eau
« J’ai commencé à aller dans l’eau à partir de l’âge de trois mois », confie Guillaume Jacob. Issue d’une famille où l’apprentissage de la natation était une priorité, cette relation précoce avec le milieu aquatique s’est transformée en véritable passion. Vivant avec une inégalité de longueur des membres inférieurs et une rétroversion fémorale et tibiale droite et gauche (Out-toeing), Guillaume Jacob a dû faire face à certaines limitations physiques. Il a également une arthrogrypose aux deux chevilles.
À l’âge de 5-6 ans, il débute les cours de natation, mais c’est vers 10 ans qu’il commence à participer à ses premières compétitions. Sa curiosité et sa soif d’apprendre se manifestaient déjà : « Je demandais d’arriver 30 minutes à l’avance pour voir les autres nageurs nager ». Cette fascination précoce pour le sport s’est progressivement transformée en une discipline rigoureuse.
Comme beaucoup d’enfants, Guillaume Jacob rêvait de jouer au hockey dans la ligue nationale. Ses ennuis de santé ont mis fin à ce rêve. Cependant, loin de s’apitoyer sur son sort, le jeune athlète a su rebondir en découvrant dans la natation un nouveau terrain d’expression. « Je n’aime pas être plaignard », confie-t-il avec une maturité surprenante. « C’est plaisant que je puisse me faire valoir quand même par l’intermédiaire de la natation ». Cette capacité à transformer un rêve brisé en nouvelle passion témoigne de sa force de caractère exceptionnelle.
Une volonté à toute épreuve
La persévérance de Guillaume Jacob se manifeste à travers sa capacité à surmonter les défis avec une attitude positive. Accepter sa condition physique n’a pas été un chemin facile, mais Guillaume a transformé cette réalité en force motrice. « Aujourd’hui, j’ai eu un super entrainement et ça me donne la motivation pour y aller demain », partage-t-il, illustrant parfaitement sa philosophie de vie.
Cette aptitude à embrasser sa différence et à en faire une force lui a permis d’obtenir sa classification de niveau 2 en paranatation en février dernier, lors d’une séance d’évaluation tenue à Mascouche. Grâce à sa détermination et au programme « En route vers la relève », Guillaume Jacob a finalement obtenu cette reconnaissance tant attendue.
« Depuis que je suis classifié, je pense que c’est la meilleure décision que j’ai prise », affirme-t-il. Une nouvelle étape se profile d’ailleurs à l’horizon pour le jeune paranageur, qui se prépare à passer des évaluations plus poussées lors du Championnats nationaux canadiens afin d’obtenir son niveau 3 qui lui donnera l’accès à des compétitions nationales (Essai et Omnium).
La natation : bien plus qu’un sport
« La natation, c’est un mode de vie », philosophe Guillaume Jacob. Pour ce jeune homme éloquent qui s’exprime avec un vocabulaire impressionnant pour son âge, ce sport est devenu un pilier central de son existence. « Je suis un gars de routine depuis le secondaire. Quand je ne vais pas à mes entrainements, je me sens comme si je manquais quelque chose d’important ».
Au-delà des bienfaits physiques, Guillaume Jacob reconnait l’impact considérable de la natation sur son équilibre mental. Pour lui, la pratique sportive constitue un véritable exutoire qui lui permet d’évacuer le stress accumulé lors des journées difficiles. Le bassin devient alors un espace thérapeutique où les soucis se dissolvent et où les ruminations cessent, offrant un précieux moment de répit et de recentrage.
Sa vision du sport révèle une sagesse inhabituelle pour son âge : « Tout part du mental, si tu es heureux dans ce que tu fais, tout va être plus facile. C’est un cercle de bienveillance, parce que plus tu as du plaisir à le faire, plus tu vas vouloir le faire ». Il estime d’ailleurs que « 80 % de la performance est dans le mental ».
Des modèles qui inspirent
Pour Guillaume Jacob, l’inspiration vient de plusieurs sources. « Michael Phelps s’entrainait tous les jours, c’est quelque chose que j’admire beaucoup », partage-t-il. Il cite également Sidney Crosby pour « son éthique de travail et sa mentalité de leader », ainsi que son propre père qui « vient de célébrer son premier anniversaire sans fumée ».
Aurélie Rivard l’inspire particulièrement pour « tout ce qu’elle a fait pour faire avancer la paranatation ». D’ailleurs, lors de sa dernière Coupe junior, il a reçu une carte de cette athlète paralympique qu’il a fièrement exposée dans sa chambre.
Un soutien crucial pour son développement
Le parcours de Guillaume Jacob est marqué par le soutien de plusieurs personnes clés. Son entraineure, Patricia Tremblay, joue un rôle déterminant dans son développement : « Ma coach apprend en même temps que moi. Elle suit des cours avec un mentor, Michel Bérubé, dans le cadre du programme d’accompagnement spécifique de la Fédération. Je lui en dois beaucoup. Elle fait beaucoup de sacrifices », témoigne-t-il avec reconnaissance.
Guillaume Jacob bénéficie également de l’accompagnement précieux de Joy Fanara, Coordonnatrice – paranatation, initiation et PNCE à la Fédération de natation du Québec. « Je suis reconnaissant envers Joy Fanara pour l’accompagnement », souligne-t-il. Son soutien et son expertise sont déterminants dans l’intégration du jeune athlète au monde de la paranatation, notamment pour sa participation au camp d’entrainement spécialisé au parc Jean-Drapeau. « Le camp d’entrainement, va me permettre d’avoir plusieurs entrainements qui vont m’aider pour le Championnat qui va suivre pas longtemps après », explique-t-il avec enthousiasme.
Guillaume Jacob Cayer nous rappelle que « tu sors de ta zone de confort tout le temps en natation et c’est ce qui fait que tu t’améliores ». Une philosophie qui s’applique tant dans le sport que dans la vie, et qui fait de ce jeune paranageur un modèle inspirant pour toute sa génération.
Comme il le dit si bien : « La natation, c’est le meilleur sport qui puisse exister ». Et à travers son parcours exemplaire, il nous en offre la plus belle démonstration.