Au cours de la prochaine année, chacune des 11 régions du Québec aura la responsabilité de choisir ses propres lauréates et lauréats mensuels. Cette nouvelle approche vise à impliquer davantage les différentes régions dans le processus de reconnaissance des talents locaux qui font partie de notre communauté aquatique. Nos deux personnalités du mois de décembre nous provienennt de la région Saguenay, Lac Saint-Jean, Chibougamau et Chapais.
Dans les couloirs de la piscine de Saint-Félicien résonne une voix qui porte l’écho d’un rêve plus grand que nature. Celle de Stéphanie Labelle, une passionnée qui transforme chaque longueur en leçon de vie, chaque plongeon en aventure. Cette ancienne nageuse devenue entraineure-chef ne se contente pas de chronométrer des performances – elle sculpte des caractères, attise des passions et prouve que la grandeur peut émerger des plus petits bassins. Son « pourquoi » ? Transmettre sa passion pour que chaque athlète puisse développer son plein potentiel, peu importe son niveau ou ses contraintes.
Dès l’âge de 10 ans, Stéphanie se trouve face à un choix déterminant : la gymnastique ou la natation. Son cœur penche pour les bassins, et c’est le début d’une aventure qui ne s’est jamais vraiment terminée. Native de la Rive-Sud de Montréal, elle fait ses classes au Club Mustang de Boucherville, où elle accumule les succès et établit de nombreux records de club. Sa carrière de nageuse atteint un sommet lors des Jeux du Canada de Kamloops en 1993.
Un parcours qui évolue
Après avoir œuvré comme entraineure dans son club d’origine, Stéphanie déménage à Saint-Félicien au Lac-Saint-Jean avec son conjoint. La natation s’efface temporairement alors qu’elle se consacre à sa famille grandissante de quatre enfants. Mais comme on dit, chassez le naturel, il revient au galop !
C’est en 2021 que le destin frappe à sa porte. « Après la COVID, l’entraineur a donné sa démission. Je ne voulais pas prendre ce rôle, mais dans un petit patelin, si je ne le faisais pas, le club allait tomber à l’eau », confie-t-elle. Cette décision, prise d’abord par nécessité, se transforme rapidement en véritable coup de cœur. « J’ai tellement eu de plaisir à coacher la première année que j’ai décidé de poursuivre. »
Une approche unique
Dans une région où les ressources sont limitées, Stéphanie fait preuve d’une créativité remarquable au sein du Club de Natation Saint-Félicien. Elle adapte ses entrainements aux réalités locales, où les jeunes pratiquent souvent plusieurs sports. Pour elle, chaque séance doit être optimisée et structurée en fonction des besoins spécifiques de ses athlètes.
« La natation est un sport très technique. Plus on devient bon en technique, plus on peut devenir un bon nageur », explique-t-elle, soulignant l’importance d’une approche méthodique et personnalisée. Cette entraineure passionnée reste d’ailleurs constamment à l’affût des nouvelles méthodes d’entrainement, s’inspirant même des meilleures pratiques internationales. « J’aimerais aller voir comment l’entraineur de Summer McIntosh peut faire pour corriger la technique de Summer pour qu’elle puisse s’améliorer. »
Cette quête d’excellence technique s’inscrit dans une vision plus large de l’entrainement. « Le but, c’est d’avoir du plaisir d’abord et avant tout et de faire du sport le reste de leur vie. De se trouver un talent et de poursuivre dans cette voie. » Cette vision moderne de l’entrainement, plus structurée et mieux adaptée aux athlètes que ce qu’elle a connu dans sa jeunesse, permet à toutes les personnes de progresser à son rythme tout en développant un amour durable pour le sport.
Les défis de la région
Comme plusieurs clubs en région, celui de Saint-Félicien fait face à des défis logistiques majeurs depuis la fermeture de sa piscine. Pour maintenir leurs activités, les nageuses et nageurs doivent maintenant se rendre à Dolbeau-Mistassini, une ville située à 30 minutes de route. Un défi quotidien qui nécessite une organisation complexe et un système de covoiturage bien rodé impliquant 16 personnes. Ces déplacements s’ajoutent au temps d’entrainement, un sacrifice nécessaire pour poursuivre leur passion. Mais dans l’adversité, la solidarité régionale fait des merveilles : « En région, il y a beaucoup d’entraide. Les parents s’impliquent énormément pour que leurs enfants puissent continuer à nager. Sans leur dévouement, rien de tout cela ne serait possible », souligne Stéphanie, reconnaissante de cet engagement collectif qui permet au club de poursuivre sa mission malgré les obstacles.Parallèlement à son rôle d’entraineure en natation, Stéphanie dirige également le club de sauvetage sportif le Narval. Cette discipline complémentaire permet aux athlètes de diversifier leurs compétences. Son engagement porte ses fruits : le club compte 16 athlètes, dont trois au niveau national, et a décroché cinq médailles lors de récentes compétitions.
Une athlète dans l’âme
Malgré son horaire chargé d’entraineure, de mère de quatre enfants et d’enseignante à temps partiel, Stéphanie n’a jamais cessé d’être une athlète dans l’âme. En 2023, elle a battu un record mondial dans sa catégorie en sauvetage sportif [N.D.L.R Son record a été battu par une autre athlète au cours de la même vague]. Un exploit qui n’a fait qu’attiser sa soif de performance. « Je me définis d’abord comme une nageuse », affirme-t-elle avec conviction, tout en avouant trouver difficile de ne pas pouvoir s’entrainer plus souvent. Cette passion dévorante pour la compétition la pousse déjà vers de nouveaux horizons, avec en ligne de mire les prochains Championnats du monde au Maroc, où elle compte bien repousser encore ses limites.