Former pour mieux performer


 

Originaire d’Afrique de l’Ouest, l’entraineur et ancien nageur Ousseynou Mbaye a su transformer son destin et celui du Club de natation régional de Beauce. Portrait d’un homme qui se donne corps et âme pour le bien-être des athlètes.

C’est par un jour du mois d’août 2015 qu’Ousseynou Mbaye a mis les pieds pour la première fois au Québec. Originaire du Sénégal, en Afrique de l’Ouest, il a choisi de s’installer dans la région de la Chaudière-Appalaches, plus précisément en Beauce. Pourquoi? Simplement parce qu’il avait déjà des connaissances qui y résidaient. Et en tant que nouvel immigrant, c’est plus simple d’arriver dans un nouveau pays lorsqu’on a quelques points de repère. Ce choix à l’aveugle s’est avéré être une excellente décision, car Ousseynou se nourrit aujourd’hui de son rôle au sein du club et de sa région adoptive.

Mais ce parcours ne fut pas de tout repos. « Ça s’est difficilement passé », exprime-t-il en faisant référence à son intégration. D’abord pour la complexité du processus d’immigration, mais aussi pour des raisons sociales. « Les gens étaient sympathiques, mais ils avaient de la misère avec le fait que je venais de l’extérieur », explique-t-il.

Faire son chemin

Pour l’aider à s’intégrer avant son arrivée, une connaissance lui parle d’un poste vacant au sein du Club de natation régional de Beauce; celui d’entraineur. Comme il n’avait pas encore de travail au Québec et qu’il possédait un bon bagage de connaissances et un bon leadership, il a obtenu le poste après avoir passé une entrevue.

Mais quelques obstacles allaient toutefois le tester, une fois arrivé au sein du Club de natation. « Ça a été difficile de faire ma place. […] Certains parents me disaient : ‘‘On ne te connait pas, pourquoi on te laisserait avec nos enfants?’’ », explique-t-il.

Il faut aussi dire que Ousseynou détonnait parmi une communauté entièrement blanche. « C’est une perpétuelle bataille », constate-t-il. Comment a-t-il donc fait pour finir par se faire respecter?

C’est au fil du temps que l’entraineur a su créer des liens forts avec les athlètes et leurs parents. Ousseynou raconte que c’est en gardant le « focus sur les nageurs » pour s’assurer qu’ils performent bien. Il ajoute que le fait d’être présent et de prendre son travail au sérieux l’a aidé. Même si c’est de cette façon qu’il a fini par se faire accepter, cette excellente éthique de travail est innée pour lui. « Je n’avais rien à prouver », ajoute-t-il avec gentillesse.

Miser sur la relève

Aujourd’hui, près de neuf ans plus tard, il fait toujours partie du Club de natation régional de Beauce, même si son rôle a évolué. Il est maintenant entraineur-chef (même s’il n’aime pas cette appellation) à temps partiel, car il occupe un emploi à temps plein comme programmeur informatique.

Aussi papa de trois enfants, son emploi du temps est bien rempli, si bien qu’il a dû déléguer ses tâches à d’autres. « Je n’aurais pas pu faire ça tout seul, sinon ça couperait toutes mes soirées et je dois être à la maison pour voir mes enfants », explique-t-il.

Il a ainsi eu une idée ingénieuse : former les jeunes âgés de 15 et 17 ans à devenir coachs.

Cette innovation a permis au club de se développer davantage et lui a permis d’accomplir adéquatement son rôle de père, en plus de transmettre ses nombreuses connaissances et de préparer ces jeunes au monde du travail. Après tout, l’entraineur âgé de 41 ans nage depuis qu’il a environ 11 ans. C’est donc toute une vie de connaissances qu’il transmet avec passion aux nouveaux entraineurs.

En s’adaptant aux horaires des jeunes, il réussit à les former petit à petit. Actuellement, son équipe d’entraineurs adjoints est composée de 12 athlètes.

Un coffre à outils pour les athlètes

Selon l’entraineur, cette formation aidera les jeunes athlètes à mieux faire leur transition dans la vraie vie. « Demain, ils vont peut-être devoir gérer le stress, gérer des personnes. […] Pour moi, c’est un transfert entre le bord du bassin et la vraie vie », explique-t-il. En choisissant de transmettre ses acquis, l’entraineur offre d’une certaine manière un coffre à outils qui leur sera sans doute très utile plus tard.

« Je suis fier de ce que j’accomplis, fier d’eux aussi ». L’entraineur tient toutefois à mentionner qu’il est reconnaissant du soutien de sa femme Sarah, sans qui tout cela ne serait pas possible. « [Elle] me motive à rester comme entraineur en s’occupant des enfants les soirs, surtout lors des week-ends de compétition », ajoute-t-il.

Outre les jeunes entraineurs formés par Ousseynou, plusieurs choses ont changé au sein du club. D’abord au point de vue du conseil d’administration, composé de « personnes super bienveillantes » qui ont travaillé ensemble pour améliorer le club.

Depuis septembre 2023, les 80 athlètes qui composent le club ont maintenant accès à une piscine de 25 mètres avec 10 corridors. Auparavant, les entrainements se déroulaient dans une piscine de 20 mètres seulement, avec quatre corridors. C’est donc un bel ajout pour les nageuses et nageurs. Mais pour Ousseynou, ce n’était pas normal qu’une ville comme Saint-Georges n’ait pas de bassin adéquat. « Chaque ville devrait avoir une piscine », affirme-t-il d’emblée.

Avec sa grande implication, Ousseynou souhaite laisser un bel héritage au sein du club et marquer l’histoire de ce dernier à sa manière. On peut dire que c’est déjà une mission accomplie!

Rédaction : Anne-Sophie Maltais

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