Il y a de ces gens que l’on rencontre et qui nous marquent instantanément. Le nageur Éli Pelletier, du haut de ses 15 ans, est l’un d’eux. Au-delà de ses performances remarquables, il possède en lui une grande force et une résilience admirable, qui lui ont été transmises à la suite d’une épreuve qu’aucun enfant ne devrait vivre. Portrait d’une histoire touchante.

Éli Pelletier évolue aujourd’hui au sein de la catégorie des 15-17 ans du club de natation les Barracudas de Gaspé. Il en fait partie depuis qu’il a environ cinq ans. Mais son lien avec la natation remonte à il y a longtemps, même bien avant qu’il ne soit né.

Ses parents ont tous deux été des nageurs, puis des entraineur(e)s. Alors qu’ils étaient très petits, Éli et son frère ainé Noah ont ainsi été initiés au monde de la natation par leurs parents. Il faut dire qu’il était beaucoup plus simple pour les « parents-entraineur(e)s » (et plus amusant pour les enfants) d’amener leurs progénitures avec eux sur le bord de la piscine plutôt que de trouver une gardienne! Et oui, la natation chez les Pelletier, c’est une histoire de famille!

Une onde de choc pour la communauté

C’est en 2014, alors qu’Éli n’avait que six ans, que la famille est secouée par une nouvelle dévastatrice :  le décès d’Éros Pelletier, le papa d’Éli.

Après ce départ prématuré, la famille et les proches de M. Pelletier ont été bien évidemment ébranlés. Mais cette perte immense s’est aussi fait ressentir auprès des membres, parents et athlètes du Club de natation Les Barracudas, où Éros Pelletier œuvrait à titre d’entraineur-chef.

Âgé de seulement six ans lors du décès de son père, Éli Pelletier ne conserve que très peu de souvenirs de lui. Mais, sans le savoir, il lui rend hommage au quotidien. Et c’est ce qui fait la beauté de son histoire.

Au fil du temps, Éli développe les mêmes qualités que son paternel. Sa mère, Danic Joncas en sait quelque chose. « Il ressemble de plus en plus à son père. Il a du charisme, il est assez réservé. Les jeunes vont être facilement attirés vers lui, confie-t-elle. De plus, comme son père, Éli est très travaillant.

Une organisation hors pair

Parlant de travail, le jeune athlète de 15 ans met beaucoup d’heures et de sérieux dans ses entrainements. Tout athlète qui a du succès est soumis à une discipline stricte, et Éli ne fait pas exception à la règle. En une semaine, le nageur a huit entrainements au programme : six en piscine et deux en salle auxquels s’ajoutent de nombreuses compétitions nécessaires à son bon développement. Habitant Gaspé, la moindre recherche de compétitivité l’incite à faire des heures de route, ajoutant un défi supplémentaire à son quotidien. Mais à travers son horaire chargé de nageur et d’étudiant de quatrième secondaire, Éli trouve tout de même du temps pour voir ses amis et faire des sorties. « Il se donne à fond et c’est beau de le voir aller », ajoute avec fierté sa maman.

Une étoile qui n’a pas fini de briller

Et il faut dire que tous les efforts fournis par l’athlète sont récompensés. Il a notamment pris part pour une première fois aux championnats canadiens, à l’été 2023, d’où il est revenu avec une 16ᵉ place au 100 mètres libre et une 17ᵉ place au 50 mètres libre.

Au mois de novembre dernier, Éli Pelletier a aussi participé à la première édition du camp Prospect, un camp de préparation pour les prochains Jeux du Canada, qui auront lieu en 2025. Cette nouvelle initiative, organisée par la FNQ, a regroupé 67 nageuses et nageurs. Le camp Prospect est une occasion pour les athlètes de participer à des entrainements de groupe, mais aussi d’assister à des conférences.

Transmettre sa passion

Depuis quelques mois, le jeune nageur suit également les traces de son père et de sa mère en transmettant son amour pour le sport, la discipline et la natation aux plus jeunes. « J’aide à coacher les jeunes de six à neuf ans », exprime-t-il.

Et pas besoin de vous dire que les jeunes du club ont beaucoup d’admiration pour le nageur de 15 ans. À Gaspé, Éli est un modèle inspirant pour plusieurs. Lorsqu’il revient d’une grosse compétition, il lui arrive même d’être interpellé, puis félicité, dans des endroits publics. Des parents et des personnes âgées viennent le voir. Sans doute ressentent-ils une grande fierté de voir qu’un jeune athlète de la région se démarque sur le plan provincial et national. Et avec raison!

Les enjeux du sport en région

Résidant à Gaspé, une ville d’environ 15 000 habitants, les ressources sont évidemment plus limitées que dans les grands centres. Même si ça ne l’empêche pas de performer, il aimerait bien avoir accès au programme sport-études. « C’est ça qui est le plus dur (de ne pas avoir de sport-études). […] On n’a pas de programme adapté pour faire beaucoup d’entrainements », déplore-t-il. Mais comme il le dit avec beaucoup de bienveillance : « Ça ne m’empêche pas de gagner des médailles ».

Pour les jeunes et moins jeunes, Éli est un excellent exemple à suivre. Il inspire à foncer dans la vie, ne pas s’arrêter aux difficultés de la vie et à donner son maximum. Son message d’encouragement pour les autres athlètes ou pour les jeunes qui vivent des difficultés. «  Une journée à s’attarder à ses problèmes est une journée de perdue à s’améliorer. » Bravo Éli!

Rédaction : Anne-Sophie Maltais

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