Dans son bureau de médecin à Port-Cartier, les diplômes médicaux côtoient une collection surprenante : des photos dédicacées de championnes de natation, dont celles de Katherine Savard et Aurélie Rivard. Cette dualité résume bien le Dr Pierre Gosselin, un médecin pas tout à fait comme les autres. Le jour, il soigne les patients de sa communauté ; le soir et les fins de semaine, on le retrouve au bord des piscines, chronomètre en main, dans son rôle d’officiel de natation de niveau 3. Une double vie qu’il mène avec passion depuis des décennies sur la Côte-Nord, bien longtemps après que ses cinq enfants aient raccroché leurs bonnets de bain.
Comme beaucoup de parents, c’est en suivant ses enfants que Pierre Gosselin a fait ses premiers pas dans l’univers de la natation. Alors que plusieurs raccrocheraient leur sifflet une fois leur progéniture partie, lui a choisi de rester. « Pourquoi ? Parce que j’aime ça. C’est l’fun. Ça me met en contact avec les jeunes, avec les autres parents », confie-t-il avec enthousiasme. Une implication qui, même après une journée chargée, lui procure toujours autant de satisfaction.
« On n’a pas le choix si on veut que les activités aient lieu, si on veut que les enfants aient accès à la natation dans notre région », explique le Dr Gosselin avec conviction. Au fil des années, le Dr Gosselin est devenu une figure incontournable de la natation régionale, formant des officielles et officiels et veillant au développement du club. Son engagement lui a d’ailleurs valu le prestigieux Prix Dollard-Morin en 2018, une reconnaissance de son impact sur le sport régional. Il a également reçu le prix de l’officiel émérite lors de l’édition 2022 du gala de la natation organisé par la Fédération.
Comment un médecin de famille parvient-il à concilier une carrière médicale exigeante avec un engagement bénévole aussi intense ? « Dans une petite ville, tout est proche. La piscine est à cinq minutes de ma clinique », explique-t-il simplement. Cette proximité lui permet de maximiser son temps et son engagement, tant auprès de ses patientes et patients que des jeunes sportives et sportifs.
Un mentor pour la communauté
L’une des plus grandes fiertés du Dr Gosselin est d’avoir contribué au développement de six juges-arbitres à Port-Cartier, assurant ainsi la pérennité des compétitions locales. Lors de l’organisation d’une compétition, l’esprit communautaire prend tout son sens. « Tous les parents mettent la main à la pâte, de la mise en place de la piscine jusqu’au déroulement de l’événement. On fait ça pour les jeunes, ils ont besoin de ces moments », explique-t-il avec enthousiasme. Cette mobilisation collective va au-delà de l’aspect sportif : « C’est la partie sociale qui rend ça intéressant », souligne-t-il pour encourager les nouveaux parents qui hésitent à s’impliquer. Cette approche bienveillante a permis de créer une véritable communauté d’entraide autour de la natation.
Le sport comme vecteur de développement
En tant que médecin, Pierre Gosselin comprend mieux que quiconque l’importance du sport dans le développement des jeunes. Il prêche d’ailleurs par l’exemple, ayant participé lui-même au Triathlon de Port-Cartier à deux reprises et au 1000 km cycliste du Grand défi Pierre Lavoie. « La natation est un sport complet », affirme-t-il. « Elle développe non seulement le cardio et toutes les parties du corps, mais aussi la gestion du stress, le mental et l’esprit d’équipe. »
Maintenir un club de natation dynamique en région présente son lot de défis. « Le plus grand défi est de garder les parents motivés et d’avoir suffisamment d’officielles et officiels », explique le Dr Gosselin. Pourtant, il reste résolument optimiste pour l’avenir. Les Jeux olympiques et paralympiques qui viennent de se dérouler sont une source de motivation pour les jeunes, et son bureau, décoré des photos de championnes comme Katherine Savard et Aurélie Rivard, témoigne de cette inspiration qu’il cherche à transmettre.
Un héritage qui continue
Aujourd’hui, alors que ses cinq enfants ont quitté les bassins, c’est avec fierté qu’il voit une nouvelle génération prendre la relève, incluant même l’un de ses petits-enfants. Son message pour celles et ceux qui hésitent à s’impliquer ? « Au début, c’est une obligation, mais après, c’est plus du plaisir. » Une philosophie qui résume bien le parcours de cet homme qui a fait du bénévolat sportif non pas un devoir, mais une passion.
L’engagement du Dr Pierre Gosselin nous rappelle que le sport amateur ne pourrait exister sans ces bénévoles exceptionnels qui, jour après jour, donnent de leur temps pour permettre aux jeunes de vivre leur passion. Son dévouement inspire toute une communauté et montre qu’il est possible de conjuguer carrière exigeante et engagement bénévole, quand la passion nous anime.